Installation & mémoire - Christian Boltanski “Personnes”


Regarde des images de l'installation "Personnes" après avoir lu la description ci-dessous et réfléchi à ton interprétation de l'oeuvre. 



Installation visuelle et sonore pour Monumenta, nef du Grand Palais, Paris.
Janvier-février 2010.

1- Boites à biscuits empilées avec numéros inscrits.
2- Des vêtements disposés au sol selon un quadrillage.
3- Un tas de 32 tonnes de vêtements et un crochet suspendu au dessus qui vient saisir des vêtements.

Tout l'espace fait parti de l’œuvre. Référence à la Shoah. Diffusion sonore de battements de cœur.

Installation in-situ : l’œuvre prend en compte le lieu, son volume, ses dimensions.

Que peux-tu dire du nom de l'oeuvre ?!?



Description de l'oeuvre

Quand ils entrent dans le Grand palais, les spectateurs doivent d’abord contourner un mur de boîtes à biscuits rouillées. Puis ils découvrent la mise en scène de l’artiste. Devant un grand tas de vêtements, sont disposés, de manière rigoureuse, alignés, des carrés d’habits. Au près de chaque carré, au sommet des poteaux métalliques, est diffusé le son de battements de cœurs de personnes différentes : souvenirs de ces gens. Une grue ne cesse de prendre au hasard des linges du grand tas puis les rejette. Particularité technique : De nombreuses personnes ont participé à la mise en place de l’œuvre monumentale. Avec cette installation Boltanski veut provoquer chez le spectateur un moment d’émotion intense. Investissant l’ensemble de la grande nef, il crée un lieu où le son est aussi important que le visuel. C’est une œuvre visuelle, mais aussi sonore. Il a également choisi de réaliser son installation durant l’hiver et a refusé le chauffage, pour que le spectateur puisse éprouver le froid. Personnes est une création à caractère éphémère. Selon la volonté de l’artiste, les éléments qui la constituent seront recyclés à l’issue de l’exposition.

Couleurs : Les carrés de vêtements forment des carrés de couleurs, comme des toiles abstraites.

Rôle du titre : le titre « personnes » renvoie à toutes celles qui sont évoquées par les vêtements, les battements de cœurs, indications de présences, évocation de vies. Mais elles sont absentes, il n’y a personne.

Moyens plastiques évoquant l’idée de mémoire :
- L’aspect rouillé, vieilli, des boîtes, en référence au passé.
- Le choix de boîtes, lieux dans lesquels on peut archiver des souvenirs.
- L’enregistrement audio, donc de son passé, manière de les garder en mémoire.
- L’évocation de tombes, monuments installés en souvenir des morts.
- Les vieux vêtements

Sens de l'oeuvre : quelle est sa portée symbolique ? Quelles étaient les intentions de l'artiste ?

Sens voulu par l’artiste : Les boîtes à biscuits rouillées ont déjà été utilisées par Boltanski dans ses œuvres. Elles évoquent pour lui des coffres à jouets ou comme ici des urnes funéraires de cimetière. Les carrés de vêtements évoquent des tombes comme dans un immense cimetière L'œuvre nous fait réfléchir sur la vie, la mémoire, la mort, le hasard de la destinée. Elle est une sorte d’interprétation contemporaine du Jugement dernier. La grue prend des vêtements au hasard pour les emmener en hauteur. Certains passent au travers des mailles du filet. D’autres non. Pour Boltanski, chaque vêtement représente une personne. C’est donc des vies que la grue prend ou non. Tel est le hasard de la destinée de chaque personne. Boltanski souhaite que le spectateur se sente oppressé dans son installation et éprouve d’autant plus le besoin de retourner à la vie de l’extérieur du grand Palais.
Par quels moyens l’œuvre parvient-elle à toucher un grand nombre de personnes, à évoquer l’histoire collective ?
De part notre culture personnelle, on peut voir dans le tas de vêtement la référence aux corps entassés durant la shoah. Dans tous les cas, cette œuvre transforme l’ensemble du bâtiment par la création d’une ambiance particulièrement émouvante. Sous la Nef du Grand Palais, le visiteur est complètement immergé dans l’œuvre. Elle constitue comme une promenade à effectuer. Boltanski nous met mal à l’aise en nous faisant ressentir le froid, écouter un bruit étourdissant d’usine (les battements cœurs), sentir les odeurs de vieux vêtements...

Biographie de l'artiste

Christian BOLTANSKI est né en 1944, à Paris, à la fin de la Seconde Guerre mondiale d'un père juif d'origine russe et d’une mère corse chrétienne. Il est resté marqué par le souvenir de l'Holocauste. En effet, dans son enfance, il a baigné dans un environnement où sa famille n’a eu de cesse de raconter cet épisode noir de l’histoire. Après une adolescence sans scolarité régulière et sans avoir véritablement reçu de formation artistique traditionnelle, Christian Boltanski commence à peindre en 1958. Il se tourne vers l’installation à partir de 1976. Il développe une œuvre où se mêlent réalité et fiction. La mémoire, l’existence et la disparition sont les thèmes récurrents de sa dé- marche. Dans un premier ensemble d’œuvres, il travaille autour de son enfance reconstituée et mise en scène. Il s’intéresse ensuite à un passé plus collectif, expose des photographies, des vêtements ayant appartenu à des personnes anonymes et fait réfé- rence aux évènements tragiques de l’histoire. Les œuvres de Christian Boltanski sont adressées à tous, elles interpellent. L'artiste, selon Boltanski, est celui qui dévoile au spectateur «une chose qui était déjà en lui, qu'il sait profondément; il la fait venir à hauteur de la conscience».

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