Carmontelle #1 : Introduction & parcours



Pourquoi Carmontelle et ses transparents au Bac d’arts plastiques ?

Les transparents ont longtemps été considérés comme un art mineur. En effet jusqu’au XIXème siècle, les genres de peintures considérés comme nobles ou majeures étaient clairement définis. Seules les thématiques religieuses, mythologiques et historiques étaient dignes des  très grands  formats et des honneurs. Les paysages, nature morte et scènes de genre étaient relégués au second plan et considérés comme mineur.
Actuellement à la lumière de l’évolution de l’art au XIXème et XXème siècle, nous assistons à une relecture de l’histoire de l’art. Aujourd’hui, le travail de Carmontelle apparaît comme précurseur à bien des égards.


  • L’installation : Pour présenter ses peintures au public, il se dégage du cadre ou des polyptyques traditionnels pour inventer un nouveau dispositif. Cette boîte en bois à manivelle, ouverte des deux côté accueille le transparent qui devient alors lumineux et mobile. 
  • La performance : Carmontelle est systématiquement présent lors des présentations et actionne lui-même les manivelles, varie la vitesse de défilement des images et l’accompagne d’un récit de son invention. Ce récit peut varier d’une représentation à l’autre.
  • La quête d’une œuvre totale : cette quête très en vogue au XXème siècle est perceptible chez Carmontelle qui tente de concilier différents arts en une seule œuvre : théâtre, peinture, musique.


La question de la présentation de l’œuvre au public (dispositif, événement) est centrale chez Carmontelle.
NB : Il est anachronique de parler d’installation ou de performance à l’époque de Carmontelle. Cependant, son travail contribue à ouvrir la voie pour les générations suivantes.

I. Louis Carrogis (dit Carmontelle), 1717 -1806 - un homme du XVIIIème siècle

Autoportrait, Monsieur de Carmontelle, lecteur du duc d'Orléans
vers 1762, Chantilly, musée Condé.

A. Des origines modestes, un parcours dans la société aristocratique


  • Fils d’un cordonnier ariégois, on sait peu de chose lui jusqu’à ses 38 ans
  • Ingénieur topographe aux ordres du Duc d’Orléans, il participe à la guerre de Sept ans. Croque des caricatures des dragons (soldats de l’armée française). 
  • Il est aux ordres successivement du père et du fils. Le fils est le futur Philippe Egalité, montagnard qui vote la mort du roi et finira guillotiné.  En charge du divertissement de la société aristocratique parisienne.



Exemple de carte réalisée par un ingénieur topographe. Dessin et aquarelle.

Duc d'Orléans, père.


Duc d'Orléans, fils. Dit plus tard Philippe-Egalité membre de la Montagne
avec Robespierre. Vote la mort du roi. Guillotiné.

B. Un artiste multiple

  • Dessinateur 
    De retour à Paris, il se distingue dans la bonne société en faisant le portrait de profil de toutes les célébrités du temps. Ces portraits sont pour la plupart conservés aujourd'hui au musée Carnavalet ou à celui de Chantilly.
    Musée Carnavalet à Paris.
    Musée Condé au Château de Chantilly.

Le plus connu est celui qui représente le petit Mozart au piano avec toute sa famille.



Carmontelle reçoit également de Voltaire la fameuse gravure qui fera le tour de l'Europe pour la souscription en faveur de "la malheureuse famille Calas"!


Amuseur mondain, il fera l'invention de ses "transparents" : une machinerie ingénieuse , placée à contre-jour des fenêtres, constituée de deux grandes bobines qui se dévident et qui préfigure en quelque sorte les lanternes magiques et les dessins animés.

Plus tard il en vend le brevet à Catherine II de Russie.

  • Auteur (plus de 200 proverbes et des pièces de théâtres)
Il écrit près de deux-cents proverbes et quatre recueils de comédies, exclusivement destinés au théâtre de société – romancier, critique d’art également, Les proverbes sont de petites scènes, parfois agrémentées de couplets , écrites dans un style trés quotidien, retraçant le plus fidèlement des petits haut-faits de la vie courante dans tous les milieux sociaux.
Ce sont plutôt des canevas, prétextes à improvisations. Ils étaient joués dans les salons par les nobles, et ce fut même une mode qui fit fureur dans la seconde moitié du 18e siècle, dans ce temps qui allait engendrer les bouleversements sociaux que l'on sait.
Il succéde à Diderot dans la critique des Salons après 1779. 
  • Paysagiste : Le Parc Monceau




Il dessine pour Philippe d'Orléans que Carmontelle les plans du parc Monceau à Paris - une conception baroque s'inspirant des ruines de plusieurs civilisations antiques.


  • Fin de vie


A la mort du duc d'Orléans, Carmontelle se retrouve naturellement au service de son fils, Philippe - ce même Philippe d'Orléans, qui, plus tard, sous la Révolution, devient député de la Montagne sous le nom de Philippe- Egalité. Ami de Robespierre, il vote la mort de son cousin Louis XVI et entraîne par son choix un grand nombre d'indécis.
Après Thermidor, Carmontelle passera encore entre les gouttes ( de sang ) et finira retiré et pauvre dans un petit logement de la rue Vivienne où il mourra le 26 décembre 1806, âgé de 89 ans, sous le règne de Napoléon.

Ses casquettes d'auteur de théâtre, de paysagiste et de dessinateur le prédisposent à la création des transparents . La mise en scène de ses dessins et cette attention accrue au regard du spectateur sont au coeur du travail de Carmontelle et résonnent tout particulièrement dans la pratique contemporaine. 

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