Carmontelle #5 : Correspondances avec les œuvres des artistes antérieurs & ultérieurs

Longtemps tombée dans l'oubli, l'esprit de l'oeuvre de Carmontelle résonne dans des oeuvres antérieures et ultérieures

Les ressemblances peuvent être dans le format panoramique choisi, l'installation, la prise en compte du spectateur dans la rencontre avec l'oeuvre, la place centrale de la lumière, l'usage de boîte pour accueillir l'oeuvre, l'image.
Frise du Parthénon,

Tapisserie de Bayeux, 1066-1082 0.50 X 70 m


Kakemono- estampe chinoise

MASACCIO, Fresque de la Chapelle Brancacci, 1427,
Eglise Santa Maria del Carmine
  • XIA GUI, Vue lointaine des courants et des collines, v.1220 : Outre la référence aux jardins chinois qui ont conduit à la mode des jardins à l’anglaise dont il est question dans les transparents de Carmontelle, c’est l’analogie du format panoramique destiné à être déroulé de deux rouleaux, au départ enfermés dans une boite, l’introduction d’une temporalité dans l’espace et la mise en relation avec un texte - ici un poème écrit dans l’image, qui justifient le rapprochement. On notera cependant la remarquable économie de moyens et notamment la force suggestive du vide mis en œuvre par le peintre chinois. La place de l’homme, entité minuscule dans un tout correspond ici à la philosophie taoïste.

  • Claude MONET, Ensemble de l’Orangerie, 1919-1926 : Cette nouvelle approche du paysage dite « impressionniste », privilégie un cadrage fragmentaire du paysage, une vision indirecte de la réalité par le reflet, une fusion des éléments végétal/ eau/ ciel, une traduction des sensations, colorées et atmosphériques où tout n’est que transitoire, fugace, mouvement. Paradoxalement ce réalisme optique et tactile conduit le peintre aux limites de l’abstraction. Monet, lui aussi influencé par la peinture extrême-orientale, opte pour un format panoramique : ici le support étiré est fixe mais il permet un développement des variations lumineuses du paysage, il génère à la fois une immersion et un déplacement du spectateur. Le double espace et l’incurvation des paroi amplifie l’effet de glissement d’un plan à l’autre et le déroulement temporel.

  • Winsor Mc CAY, planche de Little Nemo in Slumberland, 1907-1908 : La bande-dessinée a été inventée par un écrivain de la génération qui succéda à Carmontelle (Rodolphe Töpffer), le montage séquentiel mis au point par Mc Cay au début du 20ème siècle montre des solutions de raccords et de rappels par la répétition de motifs (lune, lys, tronc d’arbre) qui permettent d’assurer une continuité des plans malgré les ruptures de cadrage.
  • James ROSENQUIST, F111, 1964-1965. Huile sur toile et aluminium, 23 sections, 304,8 x 2621,3 cm. MOMA, New York : Le Pop Art, comme son nom l’indique, puise ses thèmes et ses moyens d’expression dans les codes des médias et de la culture populaire. Ici, c’est le langage cinématographique, notamment la bande filmique, ses jeux de raccords, de fondus-enchaînés et de cuts, qui permettent à l’artiste de composer cette monumentale « fresque » de 26 m qui semble exalter au moyen de couleurs flashies, les atouts d’une société de consommation. Mais derrière ce « zapping » clinquant, un bombardier et une explosion atomique révèlent la face cachée du mythe américain.



  • Mark ROTHKO, Chapelle Rothko, 1971. Houston : on retiendra de cette œuvre d’art total, réalisée en collaboration avec l’architecte Philip Johnson, le dispositif immersif, constitué de grandes toiles ou de triptyques monochromes, qui invite le spectateur à la méditation au-delà de l’appartenance religieuse ou non de ce dernier.

  • James TURRELL, La Substance de la lumière, 9 juin– 28 octobre 2018, installation : Cette installation joue sur les seules ressources poétiques de la lumière colorée – la peinture est pure vibration, elle devient environnement enveloppant le spectateur. Les qualités immersives de l’espace pictural recherchées par Rothko trouvent leur accomplissement dans cette sensibilisation à la matérialité de la lumière.
  • Jean-Paul MOYE : C'est la machinerie de ces "transparents" qui inspirera à Jean-Paul Moye la scénographie du spectacle qui sera présenté au Nouveau théâtre de Besançon, Centre dramatique National de Franche-Comté, en mai 1989.

  • Christian BOLTANSKI, Théâtre d’Ombres, 1984. Installation : le dispositif du théâtre d’ombres qui rivalisait avec la lanterne magique ou les transparents en tant que divertissements narratifs est réinvesti par l’artiste qui tente de reconstituer les rituels ludiques et de nous faire revivre les fantasmagories de son enfance au moyen d’un bricolage dérisoire et fragile.


  • Pierrick SORIN, Théâtres optiques : Des saynètes comico-tragiques miniatures tournent en boucle dans une boîte noire, pourvue d’un écran. Sorin utilise un miroir semi-transparent pour superposer deux images : celle d’une projection vidéo par reflet et celle d’un décor placé derrière le miroir. Il filme et diffuse en vidéo des personnages en habits clairs sur fond noir. Tout ce qui est sombre disparaît dans le reflet au profit de la scène éclairée derrière. Cette technique lui permet aussi de jouer sur les échelles, « Ainsi un chanteur peut se retrouver à cheval sur une carotte géante.

Autres oeuvres

WHITMAN Robert (né en 1935), Window, from the Cinema Pieces series, 1963,

Blaise CENDRARS et Sonia DELAUNAY,
  La Prose du Transsibérien, poème et couleurs simultanées
1913, Huile sur toile, 193.5 x 18.5 cm, Centre Pompidou

Blaise CENDRARS et Sonia DELAUNAY,
  La Prose du Transsibérien, poème et couleurs simultanées 
1913, Huile sur toile, 193.5 x 18.5 cm, Centre Pompidou

Jack KEROUAC On the road (Sur la route) à New York en avril 1951

Lewis TRONDHEIM  scénariste et Jochen GERNER illustrateur,
Politique étrangères, 2002, BD édition l’Association, 26.1 x 0.6 x 22,1 cm.

SCHÖFFER Nicolas, Le Prisme, 1965,

SHAW Jeffrey (né en 1944), The Legible City, 1989-91

The Sleepers, Bill Viola 1992

The Sleepers, Bill Viola 1992

The Sleepers, Bill Viola 1992
The Sleepers, Bill Viola 1992

T. J. WILCOX (1965-E.U), In the Air (Dans l’air),
2013 projection, film panoramique

WALL Jeff (né en 1946), Steves Farm, Steveston,1980 transparency in lightbox 58 x 228,6 cm,
documentary photograph, Frac Nord–Pas de Calais, Dunkerque,

Yves ROBUSCHI Infini 2011
Rouleau de papier peint recto verso acrylique sur papier 350 g.

Yves ROBUSCHI Infini 2011 
Rouleau de papier peint recto verso acrylique sur papier 350 g.

Des questions qui pourraient tomber au bac ! Source

  • Description succincte du dispositif
  • Quel est le thème général qui traverse les transparents de Carmontelle ?
  • Quels sont les deux types de paysage représentés ?
  • Quelles sont les solutions apportées pour diviser l’espace et organiser un espace séquentiel ?
  • Comment la continuité entre les différents plans est-elle assurée ?
  • Quel est le rôle de la lumière représentée et réelle dans le dispositif ?
  • Dans quelle mesure peut-on affirmer que l’œuvre de Carmontelle est redevable des codes du
  • théâtre ?
  • A quel mouvement artistique est rattachée l’œuvre ? Pourquoi ?
  • En quoi l’adjectif de narratif convient-il à l’œuvre étudiée ?
  • Dans quelle mesure peut-on affirmer que l’artiste joue sur plusieurs temporalités ?
  • En quoi l’œuvre est-elle le reflet du Siècle des Lumières ?
  • Quelles sont les composantes de l’œuvre qui annoncent le cinéma ?
  • Citez un autre exemple de dispositif précurseur du cinéma ?
  • Quel artiste a influencé Carmontelle ? En quoi ?
  • Résumez ce qu’est un jardin à l’anglaise.
  • Citez deux œuvres que l’on peut rapprocher de celle de Carmontelle. Justifiez vos choix.

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