Carmontelle #4 : Les transparents & Le protocinéma

Boîtes créatrice d’images  par projection

  • Les transparents, héritier de la camera Obscura

Camera Obscura

Le principe de la camera obscura, instrument d’optique bien connu des peintres et des topographes depuis le XVIe  siècle, permet de dessiner avec la lumière par projection sur une surface plane plongée dans le noir. 

Elle est l'image parfaite de l’art de Carmontelle, qui, dans son théâtre comme dans ses dessins, reproduit le monde à petite échelle et sans reliefs accusés. Carmontelle est un Homme des Lumières et ancien ingénieur militaire, il s’intéresse aux innovations et découvertes de la technique et de la science.


  • Les transparents contemporains des Lanternes magiques

Le Vieux Style, caricature dans Le Bon Genre, 1801.
La grande innovation par rapport aux lanternes magiques et aux vues d’optiques, est représentée par le défilement en continu des images devant le spectateur, véritable préfiguration du cinéma, qui
introduit l’illusion du mouvement. Cette illusion est renforcée par les nombreux éléments
dynamiques présents dans les peintures, en particulier par la déambulation des mêmes personnages
et par la présence récurrente de leurs carrosses, qui entraînent le spectateur dans une véritable
promenade virtuelle. Carmontelle aurait-il inventé le travelling, comme le suggère Laurence Chatel
de Brancion?

Les lanternes magiques, diffusées en Europe par les colporteurs, étaient montrées à la Cour, dans les salons, dans les cabinets de physique et dans les spectacles populaires. Ces appareils utilisaient des vues translucides, lumineuses, transparentes qui étaient projetées sur des écrans. Les images projetées pouvaient atteindre de grandes dimensions, et être admirées par de nombreux spectateurs.
Les vues étaient peintes à la main sur des plaques de verre. 

Les théâtres d’ombres chinoises étaient un autre divertissement devenu très populaire à la fin du XVIIIe siècle.

  • La Showbox, Gainsborough, 1781 

Gainsborough, Showbox 1781

Des expériences  monumentales : les panoramas

  • Robert Baker,Irlande, (1739-1806)

Panorama peint de l'irlandais Robert Barker (1739-1806) 1794

Contemporain de Carmontelle, on retrouve chez Baker la quête d’œuvre totale. Cette fois le dispositif se confond avec l’architecture. Cette mode né à la fin du XVIIIème siècle se développera tout au long du siècle suivant.

Panoramas peints de l'irlandais Robert Barker (1739-1806) 1794

Dans les Panoramas la toile est fixe, déployée en cercle autour du spectateur . Le dispositif restitue la sensation enveloppante d’être immergé dans une scène ou un paysage, le mouvement en moins. Les spectateurs, plongés dans la pénombre, y découvrent un paysage peint sur une grande toile, d’une centaine de mètres environ, éclairé par une source de lumière cachée. La lumière peut varier pour produire des effets de changement d’heure ou de temps.


On citera le Panorama, dont la vogue se développe au tournant du siècle, pendant les dernières
années de la vie de Carmontelle, dès 1792 en Angleterre et dès 1799 en France, pour se prolonger
pendant tout le XIXe siècle. Dans ce cas aussi les spectateurs, plongés dans la pénombre, découvrent
un paysage peint sur une grande toile, d’une centaine de mètres environ, éclairé par une source de
lumière cachée, qui peut varier pour produire des effets de changement d’heure ou de temps.
Seulement, dans les Panoramas la toile est fixe, déployée en cercle autour du spectateur et éclairée par une lucarne au plafond. Le dispositif restitue la sensation enveloppante d’être immergé dans une scène ou un paysage, le mouvement en moins.

Quant au mouvement, et surtout au mouvement en continu, par défilement, il est rarissime dans les spectacles d’optique avant l’invention du cinéma.

  • Pavel Yakolevitch Piasetsky (1843-1919), Pavillon de Sibérie. Exposition universelle de Paris 1900.

Le système est proche de celui de Carmontelle mais transposé dans le cadre des fenêtres de trois wagons du transsibérien.

Panoramas du russe Pavel Yakolevitch Piasetsky ou Piasecki (1843-1919), médecin militaire et peintre.
 Pavillon de Sibérie Paris 1900. Au travers des fenêtres de trois wagons

Les premières expériences de mouvement effectif très rares jusqu’à l’invention du cinéma en 1895

  • Zoetrope  et le Praxinosccope (objet précieux et de divertissement mais aussi  d’expérience ex : Marey)
Zoetrope

Praxinoscope




Pour voir ou revoir des applications de ces deux dispositifs dans l'art actuel, cliquez ici !

  • Théâtre d’optique d’Emile Reynaud (1892)

Bien sûr Carmontelle manque des connaissances techniques et scientifiques nécessaires pour rendre la fluidité des mouvements, comme c'est le cas dans le théâtre optique d’Emile Reynaud (1892). 



 Théâtre optique d’Emile Reynaud (1892).
Reynaud met en effet au point une « cage de glaces », petit cylindre fait de facettes réfléchissantes. Ce dernier permet une meilleure perception des dessins reproduits sur une bande de papier qu’on venait disposer dans un tambour creux. Placée au centre de cette roue horizontale, la cage de miroirs reproduit la magie du mouvement par un autre mouvement cette fois réel et centrifuge.
A partir de cette époque, s’intensifient les expériences mettant à l’honneur les jeux d'optiques chronophotographie de Marey et Muybridge), qui conduiront à la naissance du cinématographe par les Frères Lumières (1892).


Muybridge

Etienne Jules Marey
Carmontelle comprend et met à profit l’immense pouvoir de fascination d’une image lumineuse du
monde défilant dans le noir devant des spectateurs immobiles et concentrés, avec accompagnement de bruits et de dialogues et donnant l’illusion du mouvement dans le temps et dans l’espace.

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