Le spectateur et l'oeuvre d'art : les prémices d'un art interactif

Holbein, Les Ambassadeurs, 1533.



 C'est le regardeur qui fait le tableau Marcel Duchamp

On distingue différentes formes d'oeuvres interactives. Contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas uniquement de l'art numériques. Nous regroupons ici en deux grandes catégories les types d'expérimentation afin d'avoir une vue d'ensemble la plus juste possible.

Œuvres en interaction avec le public

Œuvres utilisant des procédés optiques comme les effets de perspective, les anamorphoses, l'holographie ou les images doubles

Œuvres utilisant des moyens mécaniques 

Œuvres utilisant l'électronique et l'informatique comme dans les arts numériques et l'art de la programmation 


Œuvres en interaction avec l'environnement

Œuvres d'art changeant avec les phénomènes naturels (météo, lumière solaire) ou artificiels (bruit, pollution). 


Petit historique rapide

Antiquité


  • Le voile peint par Parrhasios. Selon Maurice Benayoun — qui s'inspire du récit de Pline l'ancien décrivant le concours de peinture qui l'opposa à un autre grand maître de l'époque, Zeuxis — la peinture de Parrhasios n'a de sens que par le geste de Zeuxis qui tente de la « dévoiler ». Cette œuvre serait, selon Benayoun, la première œuvre délibérément interactive qui se distingue de l'œuvre de Zeuxis, qui s'appuie sur le niveau de réalisme pictural, l'œuvre de Parrhasios n'a de sens que par le geste qui révèle et dénonce l'artifice. Le sens latent nait de l'action du spectateur.

  • Les nombreux mécanismes de Héron d'Alexandrie, hydrauliques et pneumatiques, réagissent en fonction du remplissage ou vidage de réservoirs, de pression de vapeur due au feu. Il est également l'inventeur de la programmation, avec des réservoirs agissant sur une succession de mouvements ou de sifflets en fonction de leur remplissage.

Eolipyle

1820 : Le Thaumatrope. Animation d'images utilisant la persistance rétinienne. Attribué la plupart du temps au docteur John Ayrton Paris.  Voir aussi le Protocinéma.


1919 : Thérémin. Le thérémine, theremine, theremin ou thereminvox est un des plus anciens instruments de musique électronique, inventé par le russe Lev Sergeïevitch Termen (connu sous le nom de Léon Theremin). Composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, le thérémine a la particularité de produire de la musique sans aucun contact physique de l’instrumentiste. Léon Theremin développa également un système de télévision animée à miroir tournants, d’abord de 16 lignes en 1925.


1920 : Marcel Duchamp, Rotary Glass Plates ,
Marcel Duchamp réalise l'une des premières œuvres visuelles interactives.




1955 : Nicolas Schöffer. Tour Spatiodynamique Cybernétique. Avec les sons de Pierre Henry. Cette installation de 50 m de haut, dans le parc de Saint Cloud à Paris, réagit à différents paramètres sociologiques et environnementaux grâce à un réseau de capteurs et un cerveau électronique. Elle est considérée comme la première sculpture de l'histoire de l'art dotée d'un système d'interaction temps réel. Elle a été vue par une dizaine de milliers de personnes et a suscité d'énormes polémiques dans les médias de l'époque, non seulement pour son caractère plastique abstrait et géométrique, ou son aspect sonore, mais aussi pour son caractère interactif9.

1955 : Takis. Influencé par l'invention du radar et par l'environnement technologique de la station de Calais, il construit ses premiers « Signaux ».

1963 : GRAV. Certains artistes opto-cinétiques se sont réunis dans un collectif, le Groupe de recherche d'art visuel (GRAV) avec pour but de permettre à tous de pouvoir approcher leur art (Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein, Yvaral).
Nous voulons intéresser le spectateur, le sortir des inhibitions, le décontracter.
Nous voulons le faire participer.
Nous voulons le placer dans une situation qu'il déclenche et qu'il transforme.
Nous voulons qu'il s'oriente vers une interaction avec d'autres spectateurs.
Nous voulons développer chez le spectateur une forte capacité de perception et d'action.
Manifeste du GRAV contenu sur un tract distribué lors de la 3e biennale de Paris en octobre 1963 s'intitule « Assez de mystifications » 


2005 : Reactable. Synthétiseur modulaire contrôlé de manière optique à la surface translucide d'une table, créé par Sergi Jordà, Martin Kaltenbrunner, Günter Geiger et Marcos Alonso. Le prototype final de la Reactable est présenté pour la première fois à la Foire AES de Barcelone (Espagne)66

2005 : Maurice Benayoun : « Cosmopolis ». Installation interactive de 25 m de diamètre sur le développement urbain comprenant 12 télescopes de réalité virtuelle et un panorama géant de 12 écrans. Le dispositif fait appel au concept de « mémoire rétinienne collective » qui permet de peindre collectivement avec son regard48.





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