Machines à dessiner & informatique


Machines à dessiner, protocoles ou programmes informatiques pour générer des dessins, trois études de cas avant l'ère du numérique :

  • les Méta-matics de Jean Tinguely (1925-1991)
  • les wall drawings de Sol LeWitt (1928-2007)
  • les dessins assistés par ordinateurs de Véra Molnar (née en 1924) 

les Méta-matics de Jean Tinguely (1925-1991)

Je ramène la machine à un état plutôt poétique et je fais des commentaires ironiques c’est certain. Je veux faire des farces et attrapes, je veux faire des blagues, je veux être sérieux, je veux provoquer. J’ai fait des machines à dessiner qui étaient uniquement là pour ennuyer les peintres abstraits expressionnistes c’est-à-dire les tachistes qui eux faisaient que ça, faisaient que ça, faisaient que ça. 
Méta-matic n° 11959, Métal, papier, crayon feutre, moteur, 96 x 85 x 44 cm
L’œuvre est faite de métal, papier, crayon feutre, et d’un moteur. « Une zone motrice est reliée par des courroies à une ou plusieurs roues qui tournent et entraînent un arbre excentré qui transmet à une tige un mouvement irrégulier. L’utilisateur fixe à l’extrémité de cette tige un morceau de craie, un crayon, un stylo à bille ou un feutre, qui couvre de traits et de griffonnages le papier posé sur le support prévu à cet effet. » (Nadine Pouillon, Centre Pompidou).
Un simple jeton active l’œuvre et permet de choisir la couleur des médiums actionnés.

Méta-matic n° 10

Méta-matic n° 17

Meta-matic N°6, 1959

Machine à dessiner, N°3, Relief Méta-mécanique, 1955

Cyclograveurn 1960.





les wall drawings de Sol LeWitt (1928-2007)

L'idée est une machine qui fait de l'art.

Wall Drawings est une série d'œuvres de l'artiste conceptuel américain Sol LeWitt, initiée en 1968 et poursuivie jusqu'à sa mort en 2007. ( lien externe vers Rétrospective des Wall Drawing)

Conformément à sa démarche conceptuelle, les Wall Drawings ne sont généralement pas réalisés par Sol LeWitt lui-même : il rédige des instructions spécifiques et des diagrammes permettant à des assistants, collègues artistes, collectionneurs ou employés de musées d'exécuter eux-mêmes les œuvres murales, copiant et agrandissant les diagrammes sur le mur eux-même
Chaque ensemble d'instructions est accompagné d'un certificat d'authenticité, garantissant l'unicité de l'œuvre. Les œuvres peuvent être installées, démontées et réinstallées en un autre endroit, autant de fois que nécessaire. Si déplacée, le nombre de murs ne doit changer qu'en s'assurant que les proportions du diagrammes d'origine sont conservées5. Les Wall Drawings, exécutés in situ, n'existent généralement que pour la durée d'une exposition, donnant aux œuvres dans leur forme physique une qualité éphémère

Par exemple, dans Wall Drawing #122, installée pour la première fois en 1972 au Massachusetts Institute of Technology, l'instruction de réalisation décrit : toutes les combinaisons de deux lignes se croisant, placées au hasard, utilisant des arcs depuis les coins et les côtés, des lignes droites, courbes et brisées 
L'œuvre, une fois réalisée, conduit à 150 combinaisons qui se déploient sur les murs de la galerie. 







Exemple Wall Drawing #289


Sol LeWitt Wall Drawings #289 & #295 from The Dark Sky Company, LLC on Vimeo.

Montrée pour la première fois au Detroit Institute of Arts (3 murs), en 1976, l’œuvre est ensuite « complétée » par un quatrième mur (projet initial) et présenté au Museum of Modern Art de New York avec pour « dessinateurs-assistants » Jo et Ryo Watanabe.
L’œuvre du Whitney Museum a été réalisée par Jo Watanabe. Il s’agit d’un dessin sur quatre murs ayant comme trame de fond un quadrillage de 6 pouces (15 cm) couvrant chacun des quatre murs noirs. Des lignes blanches (graphite) sont ensuite tracées depuis certains de ces points :
– 24 lignes depuis le centre ;
– 12 lignes depuis le point médian de chaque côté ;
– 12 lignes depuis chaque coin.
Les instructions de Sol LeWitt définissent les emplacements de départ des lignes, mais pas où elles finissent ; il faut simplement qu’elles aboutissent à un point de la grille.







les dessins assistés par ordinateurs de Véra Molnar (née en 1924) 


L’ordinateur aide mais ne fait pas – il ne dessine pas, n’invente pas quelque chose.
Vera Molnár

Véra Molnar est une artiste contemporaine française dont la pratique englobe peinture, dessin, encre, tracé d’ordinateur sur papier…  Véra Molnar est pionnière dans le domaine des arts numériques. 
Elle fait partie des premiers artistes à avoir créé des œuvres à l’aide d’un ordinateur.

Elle a conçu un programme dédié au décryptage des processus créatifs. 

Formellement géométrique, la peinture de Véra Molnar conjugue séries et combinatoires. 
À l’aide de règles simples, les motifs sériés se répètent, se décalent, s’altèrent. Sa production artistique se déploie en formes, lignes, entrelacs, motifs colorés… Combinant rigueur géométrique et impression de sauts, rompant toute monotonie. 

  • Sa Formation
Véra Molnar a étudié la peinture, l’histoire de l’art et l’esthétique à l’École des Beaux-Arts de Budapest (1942-1947). Elle y rencontre François Molnar (né en 1922, à Szentes ; décédé en 1993 à Paris). Après un séjour à Rome, Vera Gacs et François Molnar s’installent à Paris en 1947, où d’ailleurs ils se marient, en 1948. Tandis que Véra Molnar s’oriente vers la peinture abstraite, François Molnar poursuit des études en psychologie. De 1947 à 1960, ils travaillent ensemble. Développant un système d’abstraction, basé sur la dé-figuration progressive de motifs naturels, leur simplification, permutation, rotation… 

  • La Machine imaginaire
 En 1957, Véra Molnar rencontre le peintre François Morellet. À partir de 1959, elle utilise la méthode de la « machine imaginaire ». Soit l’idée de travailler comme un ordinateur : en appliquant pas à pas une méthode sérialisée (un algorithme), avant de poursuivre, après sa découverte de l’ordinateur vers 1968, par ce que l’on nomme traditionnellement l’art programmé mathématiquement ou encore l’art assisté par ordinateur.

En 1960, Véra et François Molnar cofondent le Centre de Recherche d’Art Visuel (CRAV).

  • Le GRAV et le Molnart, programme informatique dédié à l’exploration de l’induction d’un état esthétique
François Molnar cesse de peindre en 1960 pour se consacrer à ses travaux scientifiques. En 1961, le CRAV devient le Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV). En 1967, Véra Molnar cofonde le Groupe Art et Informatique à l’Institut d’Esthétique et des Sciences de l’Art. Elle réalise alors ses premières créations sur ordinateur en 1968. 

En 1974-1976, Véra et François Molnar conçoivent et rédigent le Molnart. Soit « un programme souple qui permet une expérimentation picturale systématique. Il est écrit en Fortran pour ordinateur de grande capacité relié à un écran de visualisation et à un traceur. » 
Cherchant à circonscrire ce qui permet d’induire un état esthétique, le programme met en balance la répétition d’un tracé de carré d’un côté, et l’exploration de l’altération du taux de redondance de l’autre. 

En 1976, la Galerie de l’École Polytechnique de Londres organise la première exposition personnelle de Véra Molnar.













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