Journal des Arts - Ernest Pignon Ernest par Héléna R.

Formation

Né le 23 Février 1942 à Nice, Ernest Pignon-Ernest est le fils d'un employé des abattoirs et d'une coiffeuse. A l'âge de 15 ans, sa famille est expulsée de chez eux et il doit gagner sa vie. Il trouve un travail chez un architecte et y développe sa pratique du dessin. Mobilisé en 1961-1962 pour la guerre d'Algérie, il commence à dessiner avec du brou de noix.
En 1966 il s'attaque à la peinture grand-format dans un café abandonné dans le Vaucluse qu'il transforme en atelier.

Son travail

Début des années 1970, il commence à créer des images éphémères sur les murs des grandes villes, qui se font l'écho des événements qui se sont déroulés. Il fait parti des initiateurs de l'art urbain en France, avec Daniel Buren et Gérard Zlotykamien.

Ses thématiques

Sensible aux injustices, Pignon Ernest s'engage sur l'avortement à Tours, Nice et Paris en 1975, puis les expulsés à Paris en 1979, et enfin le Sida à Soweto (sud de l'Afrique) en 2002.
Ernest Pignon-Ernest a voulu jouer un rôle important dans la campagne « Artistes du monde » contre l'apartheid. Il a ainsi, depuis plus de vingt ans, gardé des liens avec l'Afrique du Sud.

Parti en 2001 pour Johannesburg avec l'intention d'y mener un projet sur le caractère multiculturel du pays, mais il a été amené a changer de thème en découvrant sur place la gravité de la pandémie du Sida et en écoutant les sollicitations des organisations qui luttent contre l'hécatombe annoncée. Après de nombreuses rencontres dans les hôpitaux, les dispensaires, les crèches et en liaison avec les associations. Pignon-Ernest a élaboré une image faisant un parallèle entre la lutte contre le sida et celle contre l'apartheid, en se référant à la photographie de Sam Nzima. Qui représente un homme portant le corps d'Hector Pieterson un écolier tué pendant les émeutes de Soweto. Elle a été sérigraphiée sur place à plusieurs centaines d'exemplaires.


Les expulsés, 1979




Enfant, comme je l'ai déjà évoqué, l'artiste a été lui-même expulsé de chez lui, ceci explique l’intérêt qu’il porte aux expulsés. Durant la période des années 1970-1980, un grand nombre de quartiers parisiens sont réhabilités. Et le mur de l’immeuble sur lequel l’artiste a marouflé « Les expulsés » est situé dans le quartier de Montparnasse ; quartier qui fut touché par le projet de réhabilitation. A ce moment, des habitants sont expulsés en masse et leurs logements sont détruits selon la décision de la mairie. Ainsi Ernest-Pignon Ernest met en scène des personnages qui sont à présent SDF. A ce moment le président était Valéry Giscard D’Estaing, et Jacques Chirac est élu maire de Paris. Il a milité au parti communiste pour dénoncer l’exclusion. Pour ces raisons, ainsi qu’à cause de sa hantise des bombardements, il se lance dans une série d’œuvres dédiées à cette conjoncture qu’il appelle "Les Expulsés".
Sur cette œuvre ci-dessous nous pouvons apercevoir un homme et une femme tenant des bagages a la main. Et nous pouvons reconnaître facilement un matelas enroulé situé dans la main gauche de l'homme, cela nous fait comprendre que ces deux personnes ne comptent pas rentrer dormir chez eux, et nous pouvons en conclure qu'ils sont expulsés.


Pier Paolo Pasolini, 2015




En 2015, Ernest Pignon a investi Rome, apposant ses images sur les murs de la ville éternelle, en hommage à Pier Paolo Pasolini, écrivain, scénariste et réalisateur italien, mort il y avait  tout juste 40 ans. Créateur d'images éphémères dans les grandes villes, Ernest Pignon-Ernest, avait choisi les murs de Rome, mais aussi de Naples (sud), pour coller ses images dans des lieux liés à la vie, à la mort et à l’œuvre de Pasolini. A Trastevere, dans le cœur de Rome, ou encore à Ostia, où il a été assassiné sur une plage dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, on voit ainsi Pasolini tenant le corps sans vie de... Pasolini, à la façon de la Pieta de Michel-Ange.

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